Le sommeil chez l'enfant

Isabelle Harson

1/18/2021

Quand on ne dort pas suffisamment et que l’on est fatigué, on est moins efficace et incapable de se concentrer.

Un bon sommeil restaure le corps mais aussi le cerveau, en lui permettant de se réorganiser après une journée bien remplie.

La capacité d’apprendre et de se souvenir est extraordinaire pendant l’enfance et l’adolescence, le sommeil est donc particulièrement important à ces âges.

À mesure que l’on se rapproche d’un examen, on a parfois l’impression qu’il y a tant à apprendre et qu’il reste si peu de temps. Alors pourquoi perdre du temps au lit ? Rester debout tard pour passer un peu plus de temps à apprendre peut sembler tentant, mais le sommeil est vital pour le corps et le cerveau. Il vous maintient en bonne santé et vous redonne de l’énergie pour que vous soyez alerte et actif le lendemain.

Le sommeil donne également au cerveau le temps de se remodeler en fonction de vos besoins et de vos expériences.

Le sommeil n’est pas seulement important pour la maturation du cerveau mais également pour stabiliser les souvenirs.

Les scientifiques ont montré que l’activité cérébrale pendant le sommeil permettait de mémoriser les nouvelles connaissances et de se préparer à de nouveaux apprentissages le lendemain.

Tout ceci signifie que dormir est beaucoup plus efficace que d’essayer de passer une « nuit blanche » la veille d’un examen.

Bien que cela soit important tout au long de la vie, le sommeil est beaucoup plus efficace pendant l’enfance et l’adolescence.

Le cerveau endormi ne fait pas toujours la même chose. Une bonne nuit de sommeil passe par différents stades de sommeil. Ces stades sont classés en fonction des mouvements des muscles et des yeux, et de l’activité des neurones (les cellules du cerveau).

Le cerveau en reconstruction

Le nouveau-né passe plus de temps endormi qu’éveillé. Mais plus l’enfant vieillit, moins il dort. Ce n’est pas seulement la quantité de sommeil qui diminue au cours du développement, mais aussi et surtout la balance entre les différents stades du sommeil. En général, en vieillissant, la proportion de sommeil paradoxal diminue tandis que la proportion de sommeil léger augmente.

Comment le sommeil change au cours de la vie.
Avec l’âge, on dort de moins en moins et l’équilibre entre sommeil paradoxal et sommeil non paradoxal se modifie pendant l’enfance : Plus les enfants vieillissent, moins ils passent de temps en sommeil profond, appelé aussi sommeil à ondes lentes. Le sommeil paradoxal correspond à la période du rêve. Il est appelé paradoxal car le corps est totalement mou mais le cerveau très actif quand on l’enregistre en électro-encéphalographie (EEG) et les yeux bougent beaucoup sous la paupière d’où son nom anglais REM pour Rapid Eye Movement.


De la petite enfance à l’adolescence, le cerveau change énormément : des nouvelles connexions entre les cellules du cerveau s’établissent, les connexions dont vous n’avez pas besoin sont supprimées et la communication des informations le long des voies neuronales importantes s’accélère. Il est essentiel de noter que lorsqu’une partie spécifique du cerveau est en reconstruction, les neurones de cette région présentent une activité rythmique plus lente pendant le sommeil lent.

En Suisse, par exemple, des scientifiques ont enregistré le sommeil de 40 enfants et jeunes adultes, et mesuré leurs performances pour certaines tâches. Ils ont noté que les ondes lentes du sommeil étaient plus puissantes dans la région du cerveau responsable des compétences que les participants apprenaient, puis qu’elles diminuaient dans cette région une fois la compétence acquise.

Par exemple, à la fin de l’enfance, lorsque les enfants deviennent très forts pour exécuter des mouvements complexes, comme faire du vélo – avec même les mains libres -, les ondes lentes sont plus puissantes dans la région du cerveau responsable de l’exécution des mouvements.

De nombreuses études ont montré que le sommeil peut aider à vous souvenir des nouvelles choses que vous apprenez. Certaines études ont même montré que les souvenirs peuvent s’améliorer avec le sommeil, sans qu’il soit nécessaire d’étudier davantage !

Par exemple, des chercheurs de l’Université de York ont enseigné à des enfants de 7 à 12 ans de nouveaux mots le matin ou le soir. Lorsque les chercheurs ont testé ce qu’ils avaient retenu 12 heures plus tard, ceux qui avaient appris le soir puis s’étaient endormis pouvaient se souvenir de plus de mots que les enfants qui restaient éveillés toute la journée. Ils se souvenaient même de plus de mots qu’avant d’aller se coucher. Comment est-ce possible ?

Les scientifiques pensent que le cerveau possède deux systèmes d’apprentissage différents, un rapide et un lent. Un premier système d’apprentissage dans le cerveau est rapide : il vous aide à apprendre de nouvelles informations très rapidement pendant la journée et donne à l’information une longueur d’avance en mémoire.

Le second système d’apprentissage est beaucoup plus lent et plus sage, et relie soigneusement les nouvelles informations à ce que nous connaissons déjà. Ce système d’apprentissage lent est gagnant sur le long terme, car il garde les nouvelles informations pour le futur. Il prend le relais pendant le sommeil, quand vous dormez.

Quand vous apprenez, c’est d’abord l’hippocampe qui entre en jeu.

Pour s’assurer que ces nouveaux souvenirs sont stockés à long terme dans le cerveau, l’hippocampe les communique au néocortex d’apprentissage lent, pendant le sommeil. En émettant une séquence d’ondes lentes, de fuseaux de sommeil et d’ondes rapides, les deux régions se parlent, permettant aux nouvelles informations d’être reliées aux connaissances plus anciennes.

Cette communication renforce les souvenirs fragiles de la journée et les relie aux connaissances plus anciennes déjà stockées dans le néocortex.

Des scientifiques en Belgique ont montré que ce processus de renforcement de la mémoire peut se produire même pendant une sieste.

Ils ont enseigné aux enfants de 8 à 12 ans certaines significations « magiques » pour des objets fabriqués (par exemple, un objet peut voir à travers les portes, un autre peut arrêter la pluie), puis ont testé leur mémoire pour ces associations tout en mesurant l’activité cérébrale. Immédiatement après l’apprentissage, l’hippocampe réagissait aux significations apprises.

La moitié des enfants ont ensuite fait une sieste de 90 minutes, tandis que l’autre moitié est restée éveillée. Lors d’un deuxième test de mémoire, seuls les enfants qui avaient dormi avaient une plus grande activité cérébrale corticale quand ils se souvenaient des significations des objets.

Ainsi, même une courte sieste permet le renforcement de la mémoire.

Alors, dormez bien et réveillez-vous en pleine forme !

Vous savez maintenant que dormir n’est pas une perte de temps. Au contraire, le sommeil permet à vos souvenirs de se consolider et de rester pour être utilisés dans le futur. Le sommeil est essentiel pour permettre à votre cerveau de se réorganiser au fur et à mesure que vous grandissez et que vous découvrez le monde. C’est grâce au sommeil que vous vous souvenez de toutes les nouvelles choses que vous apprenez.

À long terme, les enfants qui dorment davantage ont de meilleurs résultats scolaires et réussissent même mieux aux examens que les enfants qui restent éveillés tard pour réviser.

La consolidation des acquisitions fait partie des 4 piliers fondamentaux des apprentissages.

Les neurosciences cognitives ont identifié au moins quatre facteurs qui déterminent la vitesse et la facilité d’apprentissage :

· L’attention (manque de sommeil = manque d’attention)

· L’engagement actif (maximiser la curiosité et la prédiction active)

· Le retour d’information (signaux d’erreurs, récompense et motivation)

· La consolidation (automatisation : transfert du conscient au non-conscient, et libération de ressources)

Vous trouverez dans cet ouvrage quelques méditations de pleine conscience pour les petits.

L'histoire "Le secret du petit animal dormant" est très efficace pour endormir mon petit-fils.