Burnout, parlons-en !

Isabelle Harson

11/15/2021

On en parle de plus en plus. Un mot plus acceptable et moins stigmatisant que dépression ? Est-ce que j’ai seulement un peu trop travaillé ? Est-ce que je suis touché moi aussi par le Burnout ?

Est-ce que vous vous êtes déjà fait une des remarques suivantes ?

· Je travaille plus que je ne le souhaiterais

· Mon cercle d’amis s’est appauvri ces derniers temps

· Il me faudrait bien un verre ou deux d’alcool ce soir pour me détendre après le travail

· C’est de plus en plus difficile de ne pas penser au travail même une fois à la maison

· J’ai arrêté un loisir par manque de motivation car je suis trop fatigué

· Je suis devenu plus irritable, parfois même agressif

· Je peine à trouver le sommeil le soir

· J’ai l’impression d’être dépassé

· Les autres m’énervent

Si oui, alors continuez à lire !

On confond facilement le Burnout avec la dépression car il partage un certain nombre de signes cliniques. Il peut aussi être induit par un stress intense ou chronique ou encore être confondu avec certains troubles anxieux.

Mais alors qu’est le Burnout ?

Le burnout est processus qui n’arrive pas du jour au lendemain

Il s’agit d’un phénomène émotionnel qui peut toucher aussi bien la sphère psychique que la sphère somatique de l’homme

Le burnout peut provoquer une incapacité de travailler totale et définitive

Il peut conduire au suicide

Il induit une souffrance significative pour la personne qui en souffre

Il induit également une souffrance ou au moins de graves répercussions et préoccupations pour l’entourage

Enfin, il a un coût important pour la société

Quels sont les signes ?

Toute la difficulté commence avec cette question. Il y aurait 130 symptômes différents, ce qui n’est bien sûr pas opérationnel dans la pratique clinique.

Trois symptômes majeurs se dégagent cependant :

· Une fatigue émotionnelle : être vidé nerveusement, ressentir une intense fatigue psychologique

· Une baisse subjective d’efficience : sentiment d’échec et de déclin des compétences

· Une attitude détachée, négative et parfois agressive vis-à-vis d’autrui (en particulier collègues ou clients)

Mais aussi importante que ces symptômes est la dynamique de la maladie.

Elle commence presque toujours avec une phase marquée par une augmentation de l’énergie déployée et une fatigue consécutive. Puis, dans la deuxième phase, on retrouve une baisse d’engagement aussi bien envers les clients que les collègues ou l’entourage élargi. On peut également parler d’une « démission interne » de la personne. La troisième phase on notera une irritabilité et une baisse de l’humeur. Puis la quatrième phase s’effectue avec les premiers troubles cognitifs (souvent la mémoire et la concentration sont affectées), mais aussi une atteinte à la spontanéité et à la créativité. Certaines sphères du vécu vont s’appauvrir en particulier au niveau émotionnel avec un vide intérieur mais aussi relationnel et social.

Ensuite, les signes somatiques de la maladie vont apparaître : troubles cardio-vasculaires, troubles intestinaux, douleurs diffuses, crampes musculaires, perturbations du système immunitaire etc.

La dernière phase est marquée par le désespoir et des idées noires et suicidaires.

Est-ce que le burnout est courant ?

En principe, le burnout peut se développer dans toutes les situations professionnelles, mais aussi familiales. Toutes les professions d’aidants sont très exposées, les auxiliaires de vie, les infirmières et aides-soignants (mais aussi les médecins) dans les unités pour personnes âgées, ou aux urgences etc.

Quelle est la cause ?

Il existe un modèle. Au centre de ce modèle, on trouve la personnalité de la personne. Celle-ci peut être plus ou moins perfectionniste, plus ou moins rigide et a toute une histoire avec ses victoires et ses blessures.

Puis dans une seconde sphère se trouvent les relations interpersonnelles. Ensuite vient le niveau institutionnel englobé au niveau sociétal, lui-même compris dans un contexte plus global et général.

Les différents niveaux s’influencent réciproquement et peuvent être à l’origine de la dynamique du burnout.

Certains traits de caractères comme vouloir être perfectionniste, irréprochable, rapide, efficace, donner le maximum, être fort, ne pas montrer ses émotions, penser d’abord aux autres et jamais à soi… Ces exemples de cognitions sont fréquents chez les personnes autrement dit « le plus à risque ». Celles qui s’investissent, qui sont plus attentives aux autres et plus exigeantes avec elles-mêmes.

Que faire ?

Prévention, prévention, prévention : Ne pas négliger ses propres besoins, accepter de ne pas être infaillible, assumer et savoir dire non, ne pas oublier ses valeurs en dehors du travail, garder les yeux ouverts, savoir faire des compromis, formuler des visions et des objectifs professionnels pour soi, rester flexible….

Sur le plan émotionnel, si la personne a beaucoup de mal à prendre de la distance, certaines techniques comme la méditation de pleine conscience peuvent permettre d’apprendre une autre façon de savoir gérer ses émotions.

Une fois le trouble installé, la première chose à faire est de contacter son médecin généraliste ou un psychothérapeute. Un arrêt de travail est souvent nécessaire et le repos indispensable. Un traitement médicamenteux d’appoint peut être proposé. Une thérapie cognitive et l’apprentissage de techniques de gestion des émotions peuvent s’avérer tout à fait pertinents.